"The ties of blood," said Spider, "are stronger than water."
"Water's not strong," objected Fat Charlie.

C'est presque devenu une manie, de chercher la merde, de foutre son nez dans ce qui le regarde pas. Il y a même des chances pour que ce soit recensé comme l'une de ses principales qualités, putain de môme, putain de grand con. Foutu fouille merde. Evidemment, il n'avait pas put s'en empêcher,  il avait fallut qu'il subtilise son telephone à peine s'était-elle éloigné de la table basse. Qu'il enquête. Qu'il regarde. Sale gueux. Pendard ! Parce qu'il s'agissait de Suji. Parce qu'il n'était pas rationnel Hiro, lorsque les problèmes touchaient les siens. Alors il avait le regard soudain colérique qui courrait sur l'écran faiblement éclairé, il avait les doigts crispés autour de sa boisson alcoolisé. Et il y avait ses mains qui s'étaient saisit d'elle,  Suji, pour la ramener sur ses genoux,  passante innocente qui prévoyait sans doute de rejoindre Sun Hi dans sa danse. Parce qu'il savait Hiro, à quel point l'autre comptait. A quel point elle pouvait avoir mal Suji, lorsqu'il envoyait chié tout ce qu'ils avaient construit." T'as merdé kiddo." Voix basse, qu'on chuchote au creux de l'oreille, pour être sûr que personne ne l'entende, ou que la lune ne l'espionne. Murmure qui vient se perdre dans le brouhaha ambiant alors qu'il l'enlace et la serre contre lui. " T'as merdé mais ce connard reste un sacré enculé" Putain d'enfoiré qui s'en foutait bien de la voir pleurer.

"The ties of blood," said Spider, "are stronger than water."
"Water's not strong," objected Fat Charlie.

Le corps bien présent et pourtant l'esprit absent, Suji rigole sans joie. Les mots acerbes de son meilleur ami font écho dans son cerveau encore trop peu influencé par le vin et elle est prête à lâcher un sanglot, à chaque instant. Si seulement ils n'avaient pas été là ce soir, alors elle se serait laissée aller dans ses draps froissés. Son portable vibre sur la table basse et ses yeux sont attirés par sa lumière automatiquement. Le coeur s'agite, devinant que le prochain message sera celui de trop. Mais elle l'ouvre malgré tout, attirée par son poison, presque heureuse d'avoir son attention. Gamine stupide qui en vient à se satisfaire d'une dispute. C'est tragique la tournure que cette soirée a pris pour eux, si sale, si blessant. Suji se rassure en posant ses perles sombres, bientôt embrumées par les larmes soulevées par son dernier coup de poignard, sur ses amies dansantes. Déglutissant discrètement, elle se dirige vers la cuisine pour sortir une nouvelle bouteille du placard puis revient, prête à se joindre à la fête, les épaules lourdes. Mais c'est les mains d'Hiro qui la touchent et l'attirent jusqu'à ses genoux. Son sourire ne la quitte pas, il en devient même presque vrai. Jusqu'à ce qu'elle entende ses mots et qu'elle se braque. Son ami la serre de ses bras rassurants, sans arriver à s'arrêter là. Il l'insulte, le divin. Et ça la touche. Des questions l'attaquent quand elle aperçoit son téléphone dans sa main. Ses sourcils se froncent et elle vient le lui arracher « T'as vraiment été fouiller ?! » le ton est légèrement élevé mais personne ne la capte, personne ne les regarde, trop occupés à boire et à danser.

"The ties of blood," said Spider, "are stronger than water."
"Water's not strong," objected Fat Charlie.

Voix qui siffle, qui veut heurter. Hiro, il voit sa colère monter. Qu'est ce qu'elle pouvait les détestés ces manies là, cette tendance à toujours vouloir tout savoir. Peut être que ça part d'une bonne intention, peut être bien qu'elle ferait pareil de toute façon, mais il n'est jamais agréable d'être l'objet d'une telle intrusion. Mais Hiro, il s'en fout sur le moment. La colère de Suji à son égard, est bien le dernier de ses tracas. Parce qu'elle avait de l'humidité dans les yeux et une fêlure dans sa voix. Parce que y'avait ce je ne sais trop quoi sous sa colère qui lui fit brièvement lever les yeux au ciel. " Désolé." C'est sa simple réponse à ses récrimination alors qu'il la soulève, glissant un bras sous ses jambes pour l'emmener dans la cuisine en jetant un regard circulaire à la pièce. "J'vous l'emprunte." J'vous l'enlève. Les mots sont pas les mêmes mais au fond ça sonne pareil. Et il n'en est même pas embarrassé alors qu'il dépose la demoiselle sur le comptoir, encadrant sa frête silhouette de ses bras. Putain... Qu'est ce qu'elle était minuscule à côté de lui Suji. Est ce qu'un jour elle cesserait d'être aussi petite? "Si je t'avais posé la question t'aurais mentit." Surement. Il ne pouvait pas en être certain. Mais le contraire eut été surprenant au vu du cours des évènements.

"The ties of blood," said Spider, "are stronger than water."
"Water's not strong," objected Fat Charlie.

Agacée par sa curiosité, énervée par son insolence, elle est pourtant habituée à cette attitude détestable. Hiro reste Hiro, cet homme protecteur qui veut tout savoir et qui capte, en un regard, ses failles. Il est de ceux dont elle ne peut rien cacher, peu importe le maquillage qui habille son visage, peu importe ce sourire qui anime ses traits. Il s'excuse et avant même qu'elle continue sa tirade foudroyante, il la soulève et l'emmène ailleurs, plus loin. L'embarquant dans une bulle qu'il venait de créer en imposant ses bras autour d'elle, Ses opales sombres la fixent et elle veut fuir la gamine, le palpitant alors agité par l'idée d'avoir été prise sur le fait, démasquée. Elle déglutit, ravale ces larmes qui ne couleront jamais, et laisse sa langue claquer contre son palet « Sûrement oui. » d'une honnêteté parfois trop bouffante, elle n'arrive pas à mentir Suji, encore moins face à ce regard l'analysant. Un soupir brise la barrière de ses lippes et elle lève la main, dévoilant son portable encore allumé où le dernier message de son meilleur ami s'affiche « Je n'ai dit que la vérité. Il l'a mal pris. Je m'en fiche. Maintenant laisse-moi retourner auprès de mes vrais potes. » une pique qui ne lui est pas adressée, pas à lui non. Envahie par la rancœur, elle crache sur cet être qui la fait tant souffrir.

"The ties of blood," said Spider, "are stronger than water."
"Water's not strong," objected Fat Charlie.

C'est peut-être aussi simple, clair, limpide. Comme un conte pour enfin, où tout est noir et blanc, y'a la nana et puis le méchant. Y'a ce connard d'Aleksei et sa princesse. Sauf qu'Hiro, c'est pas le genre de type à se voiler la face, et qu'il veut bien l'admettre qu'il puisse tenir à elle Aleks. Mais il l'aimait mal. Comme un enfant qui ne pourrait pas s'empêcher de piétiner son bateau. Comme un gamin qui vous cracherait au visage pour peu que vous lui balanciez ces quatre vérités en face. Le genre à tout détruire d'une phrase pour peu qu'il puisse s'en sentir grandit. Peut être qu'Aleks tenait à Suji comme cette dernière pouvait tenir à lui. Mais il lui faisait plus mal mieux que n'importe qui. " T'as été odieuse dès le départ, N'importe qui t'aurais remit à place." Trop honnête pour approuver le moindre de ses faits et geste. Pas assez pour pouvoir s'empêcher de détester l'autre enfoiré. "Mais pas comme ça." Parce qu'il y avait des rêve auquel on ne pouvait pas touche, des desseins auxquels la gamine s'était toujours destinée et que personne ne pouvait librement piétiner. "Parce que t'es une nana géniale Kiddo. Le genre qui peut faire tout ce qu'elle veut et devenir n'importe qui." Alors ne laisses pas un abruti détruire toute l'estime de toi que tu avais su reconstruire. Ça il le garde pour lui, arque simplement un sourcil entendu avant de lui rendre sa liberté, glissant une main dans ses cheveux pour les ébouriffés.

"The ties of blood," said Spider, "are stronger than water."
"Water's not strong," objected Fat Charlie.

Elle veut s'effondrer dans ses bras Suji, pleurer sa haine, son chagrin, mais elle n'en fait rien. Étouffée par cette fierté mal placée, retenue par l'envie de ne pas trop en dévoiler. Si son esprit est si faible, l'enfant reste de marbre. La larme ne viendra pas abîmer l'albâtre, elle ne viendra pas le rougir de sa trace éternelle. Hiro ne se laisse pas avoir, retire son voile invisible. Il la remet à sa place, la met au pied du mur. Odieuse, comme la gamine capricieuse qu'elle peut parfois être. Mais n'est-ce pas ce sentiment qui la bouffe qui la rend si abjecte ? Il le sait, spectateur de la danse macabre que le russe mené, sans même le percevoir. L'étudiante laisse son ami lui ébouriffer les cheveux, la rendre un peu plus désordre, et elle soupire, désireuse de cacher cette pointe de joie qui vient caresser ses lippes. Aleksei est la brute, Hiro la douceur. Et pourtant, elle n'a jamais réussi à le regarder comme elle pouvait le regarder. « J'ai dit ce que je pensais Hiro, et je regrette pas la manière dont je l'ai dit. » amertume, déni, tant d'émotions perceptibles dans sa voix sans qu'elle ne veuille les lui cacher. Si elle ne peut être honnête avec elle-même, la nymphe tente de l'être avec sa moitié. De ses doigts fins, elle attrape une bière et la lui tend « C'est pas un pauvre mec qui va m'apprendre qui je suis et ce dont je suis capable. » et elle ne ment pas, non, elle veut juste s'en persuader. Parce que Suji est faible, dépendante aux autres, et elle cherche un échappatoire pour trouver le bonheur seule. Sa bouteille se heurte à la sienne, écho qui scelle leur échange, promesse de garder ces mots secrets.

"The ties of blood," said Spider, "are stronger than water."
"Water's not strong," objected Fat Charlie.

Peut être que si elle mettait des mots dessus ça commençait à être vrai. Si elle se contentait de fermer les yeux, peut être que tout au contraire, l'absurde de toute cette scène la frapperait de toute la force de leurs inconséquences. Parce qu'aimer, c'est accepté d'être faible face à l'autre.  C'est prendre le risque de devenir pantin entre ses doigts agiles, qui souffre ou sourit en une phrase, en un cri. Hiro aimait. Alors il savait, que ce n'était pas aussi facile. Qu'elle ne pouvait pas tout envoyer bouler d'une simple impulsion comme si rien ne comptait, surtout pas lui. Mais ça, il le garda pour lui, entrechoquant le verre de leur bouteille dans un léger sourire. Sa fierté, il préférait la préserver, qu'elle puisse fêter comme si de rien n'était. Qu'elle puisse oublier, même le temps d'une soirée. Parce que demain tout reviendrait. Parce qu'un sursis ne pouvait se constituer en terme. " Si t'as le malheur de l'oublier je viendrai te botter le cul moi même." Il serait toujours là Hiro. Comme un fardeau dont on apprenait à apprécier les maux, comme cette figure fraternel qui gravitait dans votre paysage depuis les berceaux de votre enfance sans jamais vous faire défaut. Parce qu'Hiro, il était là depuis trop longtemps pour que leur amitié ait du sens s'ils ne s'accrochaient pas l'un à l'autre, s'ils ne pouvaient être cette main secourable de basculer lorsque tout devenait "trop". C'était une promesse qui remontait aux temps des bac à sable, par un biscuit échangé et un sourire volé.

"The ties of blood," said Spider, "are stronger than water."
"Water's not strong," objected Fat Charlie.

Leur bouteille s'entrechoquent et leurs yeux se moquent. Enfants de la nuit, enfants détruits. Il est beau Hiro, il est cette épaule sur laquelle elle s'est toujours laissée aller avant de pleurer. Il est la pièce manquante, trouvée dans l'innocence de l'enfance, plus jamais égarée. L'alcool se déverse dans sa gorge sèche et elle lâche un bruit de satisfaction. Un ahhh qui agite ses sens et revigore son existence. Un sourire sincère étire ses lèvres d'un rouge immaculé. Toujours emprisonnée entre ses bras, elle ne sourcille plus, réconfortant son cœur en pleurs. Une nouvelle gorgée et ses yeux se tournent vers leurs amis. Leurs rires animent le salon, la musique les embellie, et elle ne peut s'empêcher de les caresser du regard. Doux remède à tous ses maux secrets. Son attention retombe sur son meilleur ami égaré, et elle passe sa main libre dans ses cheveux lisses. « Ça va toi ? » qu'elle demande, peu certaine des mots à employer. Elle le connait l'éphèbe, elle le voit. Enfermé dans sa relation avec Sana, persuadé de l'aimer, de la combler, alors que ses pensées se dirigent vers un autre. Il n'est pas faux Hiro, mais il y a une part de vérité qu'il n'a jamais dévoilé à personne si ce n'est à elle, gamine gardienne de ses sentiments écrasants.

"The ties of blood," said Spider, "are stronger than water."
"Water's not strong," objected Fat Charlie.

Un sourire amusé, résigné. Sourire du mec qui soudainement aurait préféré être trop ivre pour pouvoir parler. Trop défoncé pour avoir la liberté de pleinement penser. Mais ça, Suji s'en tape, de toute façon. Parce que Suji, c'est celle à qui il avait toujours tout avoué sas jamais se cacher. La nana trop lucide, trop consciente de ses tourments pour passer outre éternellement. Il n'en est pas surprit, le brun, l'gamin, l'copain pas toujours capable, parfois instable.  " Elle me rend heureux, Nara. Elle me donne envie de me taper la tête contre le mur et de la secouer les trois quart du temps, mais je me sens bien avec elle." Et y'a l'éternel sourire en coin qui vient étirer ses lèvres, et son regard qui s'attarde, qui traine sur sa silhouette, qui le temps d'un instant, l'étreint. Et puis, il y a son regard qui dérive, qui inévitablement se pose sur lui. Lui qui lui vole son sourire et son plaisir, lui dont les éclats de rire le réchauffe à l'intérieur comme s'il s'agissait des siens. Il y a Levi assit sur le canapé aux côtés de Sun Hi. Qui le prend dans ses bras, qui l'embrasse. Et Hiro qui roule des yeux en secouant la tête, qui rit et se moque de ce romantisme nouveau qu'il n'avait jamais expérimenté jusque là. Qui joue le bon pote, le meilleur ami, le vieux frère des bancs universitaires qui vous garde la porte pendant que vous tirez votre coup dans la chambre parental. Son meilleur rôle, sans doute. " Mais c'est toujours là, ce sera toujours là. Et faudra bien que je lui dise un jour à Nara. Pourquoi je lui dis jamais qu'elle veut entendre." Hiro, il n'était simplement pas pressé de la voir le détester.

"The ties of blood," said Spider, "are stronger than water."
"Water's not strong," objected Fat Charlie.

C'est tragique, la manière dont l'un comme l'autre se complaisent dans un mensonge aux lueurs claires et douces. Ces sentiments qui les bouffent, les transforment, les rendent si instables. Pourris par la jalousie, motivés par l'envie d'avancer, d'oublier, ils s'enferment dans un bonheur factice, font grandir ce même mensonge qui ne devait être qu'infime. Alors oui, ils aiment, oui, ils sont sincères, mais jamais totalement. Un amour plus grand s'empare de leur cœur et les lèvres des autres ne font que couvrir cette douleur perpétuelle. Suji ne supporte Eden, Hiro ne supporte Sun Hi ; détentrices de ce qu'ils n'auront peut-être jamais. Les mots de l'étudiant ne l'étonnent, ils ne font que confirmer ce qu'elle a toujours penser, ce qu'elle sait depuis longtemps. Sana aide mais ne cure pas. Elle rend la maladie d'amour plus supportable mais ne la guérit pas. Et c'est mal cette façon d'être avec elle, avec eux, tout en sachant au fond qu'ils ne sont pas faits pour perdurer dans le temps. L'enfant hoche la tête, pense à ces paroles justes mais dures. Avouer l'erreur d'aimer, qu'ils ne seront jamais totalement à eux. « Tu la détruiras Hiro. » un murmure alors que tout ce qui peut être dit est valable pour elle-même. Elle détruirait Minho par cette vérité inavouable. Et si Hiro semble persuadé de la bonne marche à suivre, Suji n'arrive à suivre. Ses pensées s'alignent aux siennes oui, mais les actions ne peuvent être faites. L'enfant se brûlera pour sa lâcheté, et elle brûlera ce qu'ils auront construit avec. Mais pourvu que cela dure.

"The ties of blood," said Spider, "are stronger than water."
"Water's not strong," objected Fat Charlie.

Dans la nuit noire, y'a la lune qui brille. Des coeurs qui ont prit des beignes et des vérités qui saignent. Des mots en tessons de bouteilles qui arrache l'épiderme, qui vous submergent et vous gangrènent. Des choses qu'on aurait aimer ignorer et qu'on ne parvenait jamais à enterrer. Y'a Hiro. Hiro qui fixe le vide. Hiro pas assez ivre, qui ne cherche plus à réfléchir, ni à mentir. Y'a Hiro qui fixe la dissonance de leurs relation, ces trompe l'oeil du quotidien, ces silences et ces errances qu'on achève en fatalité, en rupture forcé.   " Je sais." Il y aurait put avoir milles et une excuses, milles et une justification et tout autant de vaines consolations. Mais Hiro, il avait simplement voulut aimer. Il avait voulut s'attacher à quelqu'un qui n'aurait pas peur d'un eux, quelqu'un avec qui il pourrait être heureux. Mais ça n'avait pas marché. Sans doute que ça ne marcherait jamais, qu'il l'ignorait mais qu'il se condamnait lui même. A cet amour qui passe pas. A une relation qui n'avancera pas. Et elle méritait mieux que ça Sana, que de tomber amoureux d'un type qui ne pourra jamais la mettre à sa juste place, à en faire la seule, l'unique. Il le savait bien. Alors qu'aurait-il peut dire de plus? Rien qui ne vaille la peine de s'y attarder. Rien qui ne trouve de substance à être prononcer. Alors il se contenta d'enrouler un bras autour des épaules de Suji et d'embrasser sa tempe. Parce qu'elle était sa meilleure amie. Parce qu'ils étaient embarqués dans la même galère depuis des années et qu'il espérait sincèrement qu'elle s'en sortirait. Parce qu'elle pouvait tout faire sa princesse. Incendier les hémisphères comme renverser le ciel.