Elle a les yeux illuminés par une incandescence solaire ; c’est difficile de lui résister, comme c’est difficile de l’aimer. La haïr ça serait simple, tellement plus simple, tellement plus logique. Mais y a rien de logique dans sa caboche, c’est qu’un amas d’un terrible bordel, un nœud qui se défait pas, qui se dénouera jamais. Parce qu’ils sont deux abrutis à l’aimer, l’apprécier bien plus que ce qu’il ne devrait ; et elle s’en fout. Parce qu’elle règne sur leur monde comme une supernova, comme une explosion de sens. Et elle en joue, dieu qu’elle en joue. Inquisitrice, reine, folle alliée, elle les fait sombrer, comme elle tient leur tête avant de les noyer. Sirène qu’il l’appelle dans le milieu, et jamais n’ont-ils eu plus raison, ces dégueulasses qui la désirent tout autant qu’eux. Une bande de potes, des amis, des ennemis, y a pas meilleur réconfort que s’envoyer balader, se cracher à la figure et en rigoler. Ils se connaissent depuis qu’ils sont en âge de brayer, de se crier dessus. Ils se sont pas développés, ils ont pas mûri, ils ont pas su devenir meilleurs. Ils sont restés au même stade, mais au moins, au moins ça ils l’ont fait ensemble. Parce que même si c’est un chaos indéniable, parce que même si c’est toxique, parce que même si ça fait aucun sens, même si ça n’a aucune raison, ils sont eux, ils sont les piliers des uns et des autres ; et dans leur métamorphose il n’y a que leur lien, qui s’apparente presque à celui du sang. Si seulement, si seulement il n’y avait pas ces foutus sentiments.

Je ne vais plus pleurer
Je ne vais plus parler
Je me cacherai là
À te regarder danser et sourire et
À t'écouter chanter et puis rire
Laisse-moi devenir l'ombre de ton ombre
L'ombre de ta main
L'ombre de ton chien

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Somi, elle aime bien regarder les gens de haut, elle aime bien leur faire croire qu’elle est reine, riche, qu’elle appartient aux hautes sphères. Mais elle est pas mieux que le dernier clochard, elle se paye la vie de son corps, de ses poumons et de ses cris. Elle a rien pour continuer, et pourtant elle s’accroche comme elle peut ; comme elle veut. – Je te défie d’te venger d’elle. – elle a le rictus mué sur les lèvres, ce rictus qu’elle maîtrise avec perfection. Il fait peur, il fait froid dans le dos, parce qu’il est lié à son arrogance, à son aura maladive ; mais les garçons, eux ils savent, ils savent qu’elle leur réserve parce qu’ils savent ce qui s’y cache ; une carcasse vide. – je sais pas si j’ai envie. Ça serait m’essouffler et m’épuiser pour rien. – Junoh il arque les sourcils comme il sait si bien faire ; ça fait d’ailleurs tomber toutes les filles comme des mouches. Il a lui aussi ce truc qu’on dit hypnotisant, un peu froid, un peu ténébreux, c’est l’apat, c’est le charmeur, l’extraverti, le beau-parleur. – depuis quand tu portes plus tes couilles ? depuis quand tu refuses les défis ? – et puis y a yunho. Le mec à qui on donne pas vraiment de case, parce qu’on saurait pas vraiment où le classer. L’enfoiré du groupe, le pessimiste, le mec auquel on a pas forcément envie de se confronter. Il en a des conquêtes, il arrive parfois à être charmeur, mais sa nature première revient toujours ; le sarcasme c’est sa vie, son adrénaline, sa cam à lui. Y a pas plus difficile que de lui tirer la vérité des lèvres, il y a pas plus difficile que de vouloir lire dans ses pensées ((on s’y perdrait de toute façon, il n’y a rien de bon dans sa caboche trop remplie, trop frustrée)). – Ce que je veux dire, c’est qu’elle a rien fait, c’est pas comme elle m’avait largué. JE l’ai largué. – Junoh il aime bien mentir, dans le milieu médical on appelle ça un mythomane. Mais peut-être que les deux autres abrutis ne valent pas mieux que lui. C’est des menteurs, des manipulateurs ; des gens pas bien, pas bien du tout. – je m’ennuie, fais quelque chose. – et elle soupire somi. Et quand elle soupire, les garçons ils suivent toujours. Parce que ce qu’elle dit, ils font. Ça a toujours été comme ça, elle est leur compasse, leur carte, leur pilier et leur épaule sur laquelle pleurer. – elle est avec un nouveau mec, elle t’a remplacé en l’espace de trois jours. Fais lui du mal. On ne remplace pas l’un de nous aussi facilement. On laisse une marque, on laisse une trace, et cette insolente ne semble pas l’avoir compris. – ils avalent le poison comme un shot de vodka, comme une vérité, un fait avéré. – elle a raison. – qu’il dit yunho, parce que somi a toujours raison, c’est une des première règle qu’elle leur inculqué. – puis ça fait longtemps qu’on a plus fait ça. – qu’on a pas détruit la vie d’un innocent. Junho soupire à son tour, vaincu, battu, défait de toute conscience, un rictus se forme sur ses lèvres, alors qu’il sort son téléphone. – commençons par la base. Qu’est-ce qu’on peut bien lui faire pour lui rappeler à quel point je lui étais indispensable ? – somi tape dans ses mains, yunho, joue avec son verre ; que le jeu commence, et dieu qu’il ne se termine jamais. ((parce que y a que ça, y a jamais eu que ça, qu’eux)).

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Elle est entrée dans son bar avec un pas nonchalant. Scrutant la foule de ses yeux étincelant, cette fille elle inspire que les problèmes, les casse-têtes, la terrible attitude d’une princesse. Mais pas comme somi, non elle a un truc intimidant, mais différent ; parce que y a encore quelque chose. Un truc, une âme peut-être ? elle s’assoit au bar avec une aisance déconcertante, comme un chat, elle a la grâce et les yeux terribles qui vont avec. Elle les lève d’ailleurs en sa direction, une expression totalement neutre peinte sur le visage. Elle appartient pas au décor, elle est extérieure, différente ; et pourtant ça a pas l’air de l’impressionner ni vraiment de l’étonner. – Je peux t’aider ? on s’est perdu princesse ? – elle soupire, exagérément, longuement, comme si la raison de sa venue était une évidence, et qu’il était un abruti de n’en connaître la cause. – c’est quoi le mot de passe de la wifi ? – qu’elle dit, alors qu’il passe son torchon sur son épaule. Il penche la tête à gauche, examinant ses traits, examinant ses pensées ; mais il y voit que la passivité, et l’impatience. – j’ai pas toute la journée. – il arque un sourcil. Déconcertant, déconcertant ce que la jeunesse de nos jours se permet. – 420iknowmyshit. – qu’il lui dit. Un sourire froid se mue sur les lèvres de l’inconnue, alors qu’elle hoche la tête en digne de merci. Les yeux du gosse roulent dans leurs orbites, alors qu’il se rapproche d’elle. – écoute, c’est pas que je veux paraître intrusif ou quoi, mais t’as pas l’air d'venir du coin, j’vais t’expliquer deux trois choses chérie. On est pas une banque gratuite d’internet ici. – elle lève enfin la tête de son ordinateur, un rictus formé sur les lèvres. – Sans vouloir paraître impolie mon ange, j’crois que la raison de ma présence te regarde en rien, alors maintenant si tu pouvais arrêter de me parler et faire comme si j’étais pas là, ça serait grandiose. – Il écarquille les yeux, parce qu’il a pas l’habitude comme lui parle comme ça dans son propre établissement. Il a pas l’habitude qu’on le regarde comme ça ; un regard empli de mépris et de dégoût. – c’est quoi exactement ta définition de l’impolitesse ? parce que je crois que tu fais plus que frôler le truc là. – elle lève les yeux au ciel. – écoute j’ai pas internet chez moi, le seul moyen de me connecter au monde c’est par le biais de ce semblant de bar. J’te demande pas de me faire la discussion, en fait ce que j’te demande c’est de m’ignorer et faire comme si j’étais pas là. Deal ? – il rit, il rit à gorge déployée. Mais pour qui elle se prend celle-là ? la reine du quartier ? avec ses yeux exorbités, cette mine suffisante, son ordinateur dernier cri ; c’est une princesse, une fille qui vient pas d’ici, qui appartiendra jamais au lieu, qui se fera jamais ignorer. – si tu veux rester princesse, faut commander, et après je ferai comme si tu n’existais pas, t’en fais pas. – un sourire langoureux se forme sur ses lèvres, alors qu’il s’approche d’elle. Elle se lève d’un bond, le menton haut, le torse bombé, comme si sa vie en dépendait. – amène-moi un sachet de cacahuètes. – et elle tourne les talons, laissant dans son sillage un amas de cheveux rythmé par sa marche rapide. Se calant dans le fond du bar, son ordinateur accroché à ses bras comme un enfant, elle est bizarre, étrange, y a un truc qui va pas et il saurait mettre la main sur quoi ; ou peut-être que c’est juste qu’il vient de se faire maîtriser par une gosse, par une fille à qui il a rien rétorquer qu’un sourire simplet. ((et ça, ça a jamais été dans ses habitudes)).