Kitae n’avait absolument plus aucune idée de comment il avait atterri là, dans cette pièce un peu trop petite pour tant de monde, serré entre un saut vide et un corps inconnu sur lequel il s’était avachi depuis quelques bonnes minutes. C’était bien évidemment à son tour de faire tourner la bouteille quand la lumière c’est soudainement éteinte, plongeant le groupe dans le noir. Ca n’a pas inquiété le garçon plus que ça, des coupures d’éléctricité dans un endroit en si mauvais état ne devrait surprendre personne et ce n’était pas comme s’il voyait grand chose avec son masque de yoda. « Woho ! Les choses se corsent ! » Mais la lumière revient presque immédiatement après. « Raté.. » Il peut donc faire tourner la bouteille sans aucun accident et il regarde l’objet tournoyer jusqu’à ce que le goulot s’arrête sur quelqu’un. Le masque l’empêche de voir à qui il a à faire, mais même complètement saoul, il a bon goût, et surtout, il n’est pas suffisamment saoul pour embrasser n’importe qui. « Je propose qu’on corse le jeu, un action/vérité plutôt qu’un baiser ? » Mauvais joueur, mais il doit avouer, le corps associé au masque étrange ne lui donne clairement pas envie de se mouiller plus que ça. « Je choisis pour toi : action ! Passe moi ta précieuse bouteille que tu caches depuis tout à l’heure ! » Peut-être qu’il aurait dû porter un masque de poule, qu’importe, tant qu’il a de quoi boire.

Si sa femme pouvait le voir, elle se moquerait de lui. Et pourtant, même en sachant cela, il s'était retrouvé là, à agir comme un lycéen. Jeu de la bouteille, dans un placard à balais. Parle de maturité pour l'homme âgé de 22 ans. Le plus ridicule était certainement, ce masque de hyène qu'il avait décidé de porter. Décidément, il avait des goûts douteux. Quoi qu'il en soit, la coupure de courant ne fit pas bouger d'un pouce le décoloré, car il fallait beaucoup plus pour le faire paniquer. Et la requête de cet ami masqué qu'il connaissait bien se fait entendre, il hausse ses épaules. Pourquoi pas. Pourtant, c'est dans un soupire las qu'il se voit obliger de donner cette bouteille qu'il gardait pour lui. Sujet d'une euphorie supplémentaire, cédé pour un caprice d'un lycéen. Il lui tend cette bouteille, bien trop docilement, car seul lui était au courant qu'il en possédait une autre. Adulte sournois. « C'est pas cool de faire ça. Il chouine légèrement alors que ses yeux eux, se tourne vers son voisin de gauche. Action ? Il est l'heure d'se mettre à poil tout en gardant ton masque pour aller chercher de l'alcool, on en manque grave ici ! » Sournois, je vous l'avais dit.

et lola, elle se demande ce qu’elle fait là. assise un peu en retrait de ce cercle formé d’individus aux identités inconnues. tous masqués par des têtes d’animaux, elle n’échappe pas à la règle et arbore la tête d’un équidé au pelage sombre. assez grand pour lui couvrir tout le visage et la moitié du cou, ses cheveux sombres ondulés ne laissent place à aucun indice. et c’est dans le secret, qu’elle enchaîne les soupirs soulagés dès lors que la bouteille ne s’arrête pas devant elle, à chaque tour son lot de panique au fond de son petit être. alors que le jeu bat son plein, la lumière s’éteint complètement et lola sursaute légèrement, rabattant ses jambes contre elle, le regard qui cherche dans le noir. mais ça n’a pas l’air d’inquiéter les autres et lola, elle pince les lèvres. se bouffe nerveusement les lèvres, peu franchement amoureuse des coins sombres et confinés. une des voix s’élève et lola, elle roule du regard quand un action/vérité est proposé, ou plutôt. juste un action. et ça s’enchaîne, une action, des plaintes. puis un autre et y a un blanc, la gamine se tourne vers le jeune homme à sa droite, ferme les yeux derrière son masque alors qu’elle gonfle les poumons. « toujours plus » mais lola, elle ne s’avoue pas vaincue. sourire un peu mesquin sur les lèvres, elle se dit qu’avec le masque, elle ne craint pas grand-chose. elle avale ses dernières gorgées avant de se lever. « deal » et lola, elle se met dos à eux, enlève son chemisier, le fait tomber à la façon de lolita. et c’est au tour de ses chaussures, de son jeans. parcelles d’épidermes laissées à la vue de tous, elle n’est caché que par la présence de sous-vêtements en dentelles. « je rapporte quoi ? » la voix si douce. « par contre, pas l'bar complet hein, j’ai que deux bras. sinon. ma voisine, action ? » la voix un peu taquine, un peu joyeuse. « mets-toi en sous-vêtements et come with me hm ? » lâche-t-elle, en se dandinant un petit peu sur place.

accroupie dans le noir, les yeux rivés sur la bouteille qui roule, roule, roule et semble ne jamais vouloir s'arrêter. accroupie dans les vapeurs d'un soir, les oreilles qui sifflent au crissement du verre contre le sol poussiéreux. silencieuse, eden se balance d'avant en arrière sur ses pieds nus, visage couvert d'un simple masque noir, cascade auburn ruisselant sur les épaules blanches. la red pistol écoute d'une oreille distraite, déjà bien imbibée d'alcool. et la voilà qui part en éclats de rire incontrôlés alors que l'une des deux filles confinées avec elle se déshabille et la presse à faire de même. « c'est tout ce que t'as trouvé ? » susurre-t-elle en se redressant. les gestes sont flous, décomplexés, impudiques ; eden ôte son jean et sa veste, dévoilant sans honte les scarifications qui lacèrent son dos et ses bras, stigmates rouges et violacés d'une enfance sibylline. « je garde mon haut, personne m'en voudra. » le haut ; simple bandeau noir qui tranche la peau d'ivoire. déjà, eden se penche et relance la bouteille « j'arrive, attends… faudrait pas qu'ils s'ennuient sans nous. » le goulot pointe la dernière fille, à qui eden adresse un sourire mesquin. « allez, on va corser tout ça… » deuxième lancer, et la bouteille désigne à présent un grand brun (( eun ji ho )). « retire-lui son tee-shirt, ma belle. allez, sinon y'aura pas d'alcool. » rire machiavélique. qu'est-ce qu'on s'amuse…  elle penche la tête, bras croisés sur son ventre dénudé, et s'adosse au mur pour guetter la réaction de la gamine.

s'il devait y avoir une seule bonne raison pour laquelle sojung n'aurait jamais dû venir c'était bien celle là : cette putain de situation. elle savait, pourtant. elle savait et elle détestait à raison. dans un lieu qui aurait simplement dû être point de rendez-vous pour un de ses business pas très légaux, voilà qu'elle se retrouvait maintenant à jouer à un jeu débile avec des gens stupides et une tête plus si claire que ça. y'avait quoi, dans ce verre ? et cette nourriture ? ils auraient pas été jusqu'à les droguer, si ? assise dans un coin à observer les autres d'un regard légèrement vitreux sous son masque de loup, elle n'avait même pas le cœur à se sentir chanceuse de ne pas avoir été désignée pour le moment. ça lui laissait amplement le temps de reconsidérer tous les choix qu'elle avait fait dans sa vie jusqu'à maintenant, et qui auraient dû tous lui crier "meuf, ne vas pas à cette foutue soirée". à croire que l'alcool ou le elle ne savait quoi dans son système annihilait tout le reste, comme la rapide panne de courant, et surtout... le fait le plus important : elle ne semblait pas vraiment réaliser à quel point la pièce dans laquelle elle se trouvait à présent était bien plus étriquée que la taille désirable. c'était probablement une question de temps avant que l'écervelée du moment réalise, autant que le nombre de secondes indécentes qu'il lui fallut pour capter qu'on venait de lui adresser la parole. et quelle parole... « hein ? » yep, on se l'accorde, on aurait pu faire plus loquace comme réponse. lorsque l'information atteint enfin son cerveau embrumé, elle pencha légèrement la tête sur le coté et prononça d'une voix plus distincte « t'es sérieuse là ? vous pouvez pas vous démerder pour aller chercher votre alcool qui m'intéresse absolument pas ? » en vue des réactions plutôt animées, il semblait qu'elle n'avait pas le choix si elle voulait seulement que ce moment clairement casse-noix passe et qu'on lui lâche les baskets. avec un grand soupir, elle se tourna vers le dit-désigné, franchement pas emballée par l'idée. « autant qu'on en finisse rapidement. » ni une, ni deux, elle glissa le t-shirt du brun par dessus sa tête et le laissa tomber à ses cotés, avant de reprendre sa position initiale d'un air de dire "c'est bon là ? vous m'lâchez now ?". mais qu'est-ce qu'elle foutait là...

Kitae avait son fond de bouteille et c’est tout ce qui l’importait, il a regardé la scène d’un oeil vitreux et sans grand intérêt, entre les filles un peu trop désireuses de déshabiller les autres, et Ji Ho que ça n’a pas l’air de déranger le moindre du monde, il faut croire qu’il a choisi le bon endroit. Puis quand le tour revient à lui, il choisit action pour éviter toutes les questions gênantes sur sa presque fiancée ou sa sexualité. Il ne sait pas mentire et l’alcool n’aide pas. Mais l’action proposée par Ji Ho le laisse stoïc quelques secondes. Son expression est cachée par le masque de Yoda qu’il porte toujours sur son visage, et il vaut mieux. Ca fuse dans sa tête, ce n’est pas quelque chose dont il peut se permettre en public, encore moins avec l’ombre de swis qui plane au dessus d’eux. Il pourrait presque sentir ses mains trembler face à la lâcheté qui prend le pas sur toute raison. Alors il se met à rire, rire mauvais. « Ca va, t’avais pas encore plus clichée et gamin comme action ? » Il est agacé, suffisamment pour enlever son masque et se lever. « Je vais aller chercher de l’alcool puisque personne ne semble vouloir se bouger, un verre ou deux vont rendront peut-être plus drôle. » Mais ce serait peut-être à lui d’en boire un ou deux, histoire d’arrêter de plomber l’ambiance.
Il parcourt la petite salle d’un pied ferme et s'apprête à ouvrir la porte. Mais il beau actionner la poignée dans tous les sens, elle tourne dans le vide. Merde. Tu parles d’une sortie fracassante, c’est un bide monumental.  

Le décoloré est spectateur du show, sourire taquin aux lèvres il ne pipe pas mot cependant. Bien trop occupé à penser au prochain défi qu'il allait pouvoir dégoter pour ses camarades de fortunes. Pourtant la plainte du riche vient le faire pouffer un rire, petit chérubin commençant à pousser son caprice, c'est dans refus caché sous une excuse qu'il fuit la requête d'un autre homme. D'un oeil attentif, il ne quitte pas Kitae du regard, qui venait de révéler à tous son identité. Et d'un revers de main, il fait de même, s'ôte son masque de hyène pour le faire virevolter par dessus son épaule. Passant une main délicatement dans ses cheveux, humidifiant ses lèvres pulpeuse armé de son regard enchanteur. Mais c'est un rire moqueur qui s'échappe de ses lippes. « Bah alors, on a pas de force ? Lâche l'arrogant alors qu'il se relève dans un grognement. Dos endoloris par la posture qu'il avait gardé depuis un long moment. Faisant le même chemin que le gamin de riche, il se poste à ses côtés, le bouscule un peu pour s'occuper d'ouvrir la porte lui-même. Pourtant pas de réponse au premier essai. Et c'est avec un peu plus de force qu'il recommence. Avec de cette fois-ci, s'énerver contre cette dernière. Bah merde alors, y'a quelqu'un qui nous a enfermé... La naïveté que possède Kohaku pouvait se montrer indécente quelques fois et actuellement, il était certain qu'on leur jouait une mauvaise blague. On va faire comment pour boire encore plus nous maintenant ? Dit-il alors qu'il se retourne vers le groupe. Parce que pour lui le problème n'était pas de sortir mais de boire, un peu plus. Idiot.

et lola, elle inspire profondément. l’air qui se bloque dans les poumons, l’envie d’hurler sur le bout de ses pulpes. elle hausse les épaules lorsque sa camarade s’adresse à elle. non, elle n’a rien d’autre en stock, elle veut juste pas être solo dans ce merdier – et lola, elle s’pose encore la question du pourquoi du comment, elle s’était retrouvée ici et pourquoi elle avait accepté de se dénudé devant des inconnus. un pari, le masque, parce qu’elle avait le masque et surtout beaucoup d’ambre alcoolisé dans les marbrures. les bras qui se croisent contre le ventre en attente de cette commande qui ne vient jamais, elle a l’impatience qui grandit au bout des doigts. les actions, les vérités sont lancées et les jeunes femmes n’ont toujours pas décollées de l’endroit, pourtant, elle pourrait se barrer, prendre ses affaires et quitter la pièce une bonne fois pour toute, rentrer chez elle et retrouver l’ennui de son quotidien, mais il y a quelque chose dans ses tripes qui la retient ici. et le mécontentement se fait ressentir, un jeune homme, suivit d’un autre retire le masque. et elle regarde lola, mal à l’aise, à l’écart. les bras cachant se ventre détesté, les lèvres bouffées derrière le masque. et elle a le myocarde qui implose dans la cage quand elle comprend que la porte est fermée, une vague de panique fait ravage en elle. et l’enfant, elle ôte son masque à la volée, passe une main dans ses cheveux. et elle a fini de jouer, claquant sa langue contre son palais, elle tente de chercher ses affaires pour se rhabiller, mais par erreur, elle tape dans une bouteille à moitié pleine, se déversant sur ses affaires. grognement émis du plus profond d’elle. « c’pas vrai » trempés, il lui est impossible de remettre sa chemise, par chance son jeans est sauvé. elle l’enfile rapidement. « j’me posais plus la question de comment on allait sortir d’ici personnellement, mais » et elle affiche une moue désolée la gamine. les bras cachant son soutien-gorge.

calme olympien. le sourire s'efface et lui succède l'éclair furtif d'une appréhension faisant écho à d'interminables nuits de claustration. elle connaît bien ça eden ; les portes closes, barrées de verrous qui tomberont, par chance, au petit jour. elle connaît… alors elle cille à peine, mais se mute plutôt dans un long silence. regard noir qui balaye la pièce exiguë. lippes qui s'étirent faiblement, tendre morsure de deux incisives à la lèvre inférieure. du coin de l'œil, c'est la jeune fille qui vient de dévoiler ses traits qu'elle remarque ; agitation, frustration, résignation… sans vraiment savoir pourquoi, eden se penche et ramasse sa propre veste pour en couvrir les épaules de la brunette. comme si l'embarras qui obscurcit ses traits délicats lui importait. et l'esprit inhibé d'autant d'alcool que de mauvais souvenirs, eden se presse aux côtés de kohaku pour actionner la poignée à son tour. sait-on jamais… mais la porte résiste, infranchissable. « piégés. » murmure à peine audible. et eden lève vers ses compagnons d'infortune un regard chargé d'incompréhension. « ça s'ouvrait pourtant tout à l'heure, j'suis pas folle… c'est pas un système électrique qui aurait sauté avec la lumière, hein ? » et la voilà qui dévisage tour à tour les membres de son clan, dans l'espoir que l'un d'eux éclate de rire et se dénonce. c'est con un red pistol, elle en a eu maintes preuves depuis toutes ces années. mais rien, pas la moindre esquisse de sourire, pas la moindre grimace, seulement des mines déconfites et des orbes inquiets. par réflexe, eden cherche sa poche, avant de se rappeler que ses affaires gisent encore au sol. elle fouille alors son jean et en extirpe son portable, antiquité à l'épreuve de toute catastrophe ; le réseau affiche désormais « swis ». froncement de sourcils. « euh… j'suis la seule à rien capter ? c'est quoi ce bordel ? »

stop. l'arrêt du cœur, pour le temps d'un battement, le sang qui se glace, la réalisation qui tombe bien trop tard. il aura suffit d'un seul mot pour dissiper à moitié la brume envahissant son cerveau. la nouvelle qui tombe comme une pierre au creux de l'estomac, sonnant comme le glas d'un moment funeste. enfermés. sojung sent son corps entier se raidir, ses yeux s’agrandir alors qu'elle regarde d'un air alarmée sous son masque les mains une à une tenter vainement de tourner une poignée réticente. enfermés. et puis, tout d'un coup, tout s’accélère, les pulsations, la respiration, forçant automatiquement la jeune fille à se lever d'un bond tout en retirant son camouflage pour le laisser tomber à ses pieds sans même y prêter attention. « c'est pas possible... » ignorant le monde, ignorant les personnes présentes, la vision rétrécie à cette simple poignée, elle s’approche rapidement, bousculant involontairement quelqu'un au passage (@ito kohaku) avant de se réceptionner sur le métal froid de la porte, le plat de ses mains claquant clairement dans l'air. fébrile, elle attrape le pommeau, le tournant une fois, deux fois, trois fois, puis plus rapidement, comme si les gestes désespérés pouvaient miraculeusement changer la situation : ils étaient bel et bien enfermés. « non non non non... » la panique monte, poison imbibant petit à petit chaque parcelle de son corps, forçant la poitrine à se recroqueviller et l'oxygène lui manque, soudainement, son univers entier semble se réduire à cette petite pièce, petite, petite, petite, trop petite... elle parcours la porte des yeux, frénétique, cherchant du regard, des mains, sur les angles, la poignée encore, une solution, un moyen de les faire sortir, mais l'angoisse menace de prendre le dessus et elle se retrouve incapable de se concentrer, incapable de réfléchir posément. ce serait du gâteau pour toi, calme toi, calme toi... mais même les diverses sonneries de portables tintant au même moment eurent du mal à se frayer un chemin jusqu'à sa raison. tremblante, elle attrape son propre téléphone, et le message à peine terminé, lance un juron venimeux. calme toi.