Jiho & Mai Lan ☾Mai Lan.
Mai Lan et ses longues boucles brunes, Mai Lan et ses larges courbes de femmes, ses hanches, sa taille, ses cuisses, ses poignets et puis, cette rondeur, cette douceur qu'on couvait du regard, même ses lèvres pleines, sa bouche de femme, son âme de femme, son parfum de femme - oh, on se perd pour Mai Lan.
Mademoiselle souriait.

La fumée de la cigarette était âpre et opaque. Contre son assise, Mai Lan feuilletait vaguement son livre. Ça lui arrivait souvent, ces derniers temps, fumer seule, calée dans un coin, comme angoissée et habitée. Mademoiselle n'ignore pas les foisons de rumeurs dont elle est l'objet. Certaines, complètement farfelues le feraient presque rire. D'autres, narquoises, pernicieux ragots aux accents de vérité colportés par quelques jaloux entachent sa réputation ; elle n'y prête pas plus d'attention pour autant. En revanche, ce sont les racontars des hommes flétries par ses caresses, brisées par sa cruauté, émergeant enfin des bas fonds qui l'inquiètent. On raconte, suppose, imagine tant de chose au sujet de l'héritière. On l'affuble des lauriers de la vertu, le couvre d'éloges de beauté et d'honneur, quand on n'énumère pas ses liasses de défauts, l'accuse de moult coups pendables, souligne l'horreur de ses vices. Pourtant, l'enfant vaut tellement plus que ça. Ce n'est pas seulement l'irrésistible petite princesse du haut de sa tour, le monstre merveilleusement abject qui meurtrit les coeurs, ou la fille de riche ingrate qui déclame des salves d'obscénités. Derrière sa carapace grossière, Mai Lan dissimule quelques vestiges ébréchés de douceur et de finesse. Sa mélomanie par exemple.

Il n'y a qu'une personne qui ait un jour fréquenté ces Mai LAn-là ; la petite fille qu'elle fut autrefois, la femme qu'elle est aujourd'hui. Quelqu'un qui soit allé l'explorer jusqu'à l'âme. Jusqu'à ce que la porte ne s'ouvre sur une connaissance. Elle a son prénom sur les lèvres. Galvanisée par l'adrénaline, elle n'a pas prit la peine de l'éveiller, laissant sa tête reposer sur ses cuisses. L'oeil critique de Mai Lan blâme l'attitude prolétarienne de Jiho. Pourtant, elle le contemple juste, laissant ses doigts glisser entre ses boucles folles lorsque son regard ne se perd  pas dans les allégories de Kant. Elle lève les yeux au ciel, et lâche un discret soupir.


▬ Perdre son temps à préparer son déjeuner pour qu'il passe son après midi à dormir.

Franchement, Jiho, tu crains.

La fraîcheur du printemps effleure son visage, assoupi sur les genoux de Mai, il se laisse bercer par ses caresses répétitives. Ses doigts effleurent ses cheveux, elle apaise cette tension qui l’anime au quotidien par cette légèreté qu’elle laisse seulement transparaître à ses côtés. Étude mis de côté pour profiter de la chaleur soudainement de la journée. Jiho, il se fiche bien pas mal de ses études imposées, il suit assidûment cette vie qu’on lui dicte pour qu’on lui fiche simplement la paix. L’odeur de cigarette titille son odorat, et lui indique la désinvolture de la poupée. Il ressent parfaitement l’attitude qu’elle dégage. Cette assurance qui lui est propre est si forte, qu’elle doit sûrement faire baisser les yeux au plus impétueux. Elle sait ce qu’elle veut sa meilleure amie, elle sait la place qu’elle a dans cette société et ne le cache pas. Il a toujours été admiratif de cette demoiselle qui connaît depuis si longtemps. Son tempérament de feu ne lui a jamais échappé, et il en a déjà fait les frais. Leurs caractères s’entrechoquent et électrisent l’atmosphère, lorsque leur symbiose faiblit face à l’adversité. Rare sont les personnes qui parviennent à faire flancher leur amitié, mais lorsque ça arrive, les dommages causés sont parfois douloureux pour les deux partis. L’amitié indescriptible qui les lie, leur fait parfois défaut et rend les choses difficiles entre eux. La jalousie les anime, la possessivité qu’ils ressentent à l’égard l’un de l’autre, ne font qu’infliger une souffrance de plus à ces deux âmes déjà meurtries. Alors qu’il est plongé dans ses pensées, la voix mélodieuse de Mai résonne dans ce silence qui les englobait. ▬ je ne dors pas, je repose juste mes yeux. Un sourire étire ses lèvres, et ses yeux alors clos s’entrouvrent. Les traits doux de Mai Lan se dessinent devant lui et d’un mouvement lasse, il vint effleurer sa joue du bout des doigts. Il abandonne ses jambes et se redresse. Il remet de l’ordre dans ses cheveux, devenus la distraction principale de la demoiselle lorsqu’il s’était perdu dans ses songes. ▬ alors on mange quoi ? Demande-t-il sur un ton innocent, observant de ses iris la princesse à l’attitude de reine.

Jiho & Mai Lan ☾Elle adorait les lèvres de Jiho.
Il y avait de tout sur sa bouche. Un petit goût du monde, un peu de fraise aussi, un parfum de lui, l'arôme de ses sourires. Elle aimait voler leurs saveurs acidulées. Jiho avait une bouche ronde et pleine, sur laquelle elle aimait lâcher un baiser, avant de suçoter ses sourires. C'est un drôle de bonheur qui étouffe le cœur. C'est un peu bête, c'est juste ce souffle chaud dans son cou, la caresse dans ses cheveux brun sur son menton. C'est trop et pas assez. Beaucoup et si peu.

▬ Pauvre chaton aux yeux sensibles.

Petit sourire en coin, sarcastique. Mai Lan. La salope. Comprenez-vous maintenant ? Que notre charmante furie peut provoquer assez de colère et de dispute pour que les plébéiens comprennent le fléau qu’elle représente. Une peste. La Peste. Simple et efficace. Peu de finesse, mais toujours d’une redoutable efficacité. Il faut bien quelqu’un pour rappeler à tous ces crétins leur idiotie perpétuelle. Et Mai Lan s’est tout naturellement désignée pour accomplir cette lourde tache. Que voulez-vous, sa gentillesse la perdra. Mais avec Jiho, c'est spécial. Peut-être parce qu'elle avait un jour décidé qu'il serait l'un de ses idiots favoris.

▬ Risotto de saumon, vestige de mon voyage en Italie.

Mai Lan retint un soupir et planta, à défaut de ses lèvres ennuyées, ses yeux droit dans la roche de son regard. Mais elle voyait les courbes de son visage, et ça avait quelque chose de beau. La naissance de ses cheveux parsemait le haut de sa nuque de quelques mèches brunes, c'était subtilement touchant. Le dessin d'un fin duvet presque couleur chair gravissait et tombait de cette nuque et elle l'imaginait aisément continuer le long de toute son échine. Elle se redressa, se penchant vers luis pour rapprocher son visage du sien, croisant jambe. Elle avait son souffle qui balayait son front et probablement que ça l'ennuyait. Cette faiblesse qu'elle avait pour lui et ses sourires heureux, cette envie d'être la plus importante, la seule qui compte. Mais elle attendait seulement. La petite princesse.

▬ Et si tu oses te plaindre je t'arrache les yeux.

Parce qu'elle s'était donnée du mal Mai Lan. Même si elle ne l'avouait pas.