Je flotte, je coule. Je ne sais pas où je me trouve…Je suis perdue. J’ai peur, si peur. Cette peur me fait perdre tout moyen, elle coupe ma respiration. Elle va me tuer. Je sais que je ne vais pas mourir, mais l’impression est si réelle que je vois, je revois ma vie en un fragment de seconde. Mais pourquoi ? Ah…Elle est là. Elle a pris les devants, elle me contrôle, elle fait ce qu’elle veut de ma vie. Elle l’a toujours fait quand je ne pouvais plus. Elle s’éloigne, mais comme d’habitude, elle ne me répond pas.
Le calme soudain me réveille. Putain, où est-ce que j’ai atterrie encore ? Mes sens sont brouillés. Une forte odeur me fait plisser le nez. Je la reconnais aussitôt. Alcool, cigarette froide, sueur sèche. Je me redresse, mais la violente douleur qui sommeillait en moi me monte à la tête et m’empêche de me mouvoir comme je le désirais. Je comprends bien vite que je n’arriverais pas à me souvenir de la soirée passée, car je sais aussi qui était là…Bona. Je sais pertinemment que ce n'était pas moi la nuit dernière...Et que il y avait toujours un bémol quand cela arrivait. Et le pire, c'est qu'elle aimait ça.
Je prends le temps de regarder autour de moi afin de remarquer enfin l’endroit où je me trouvais. Je n’étais pas chez moi. Merde. Par contre, les vêtements par terre m’annoncent la couleur. Robe moulante rouge vif, veste en cuir noire, bottines à talons…Merde. Je me frotte les yeux, comme pour chasser un mauvais rêve, mais le cauchemar est bien là. Je soupire et me mets assise au bord du lit afin de fouiller les poches de sa veste pour trouver des indices qui pourraient m’indiquer ce qu’il s’était passé la veille. Ticket de carte bleue….Deux de quelques wons. Un briquet. Elle n’a pas osé me faire fumer quand même ? Ah…Quel calvaire. Je soupire -peut-être trop de fois encore-, et m’habille rapidement malgré le mal de crâne qui me lance.
Mes bottines à la main, je décide de sortir de la chambre, espérant ne pas croiser quelqu’un sauf que…Il y avait deux personnes en train de parler. Aucune de leur voix ne me dit quelque chose ! Il fallait bien que je me montre à un moment ou un autre. Je me présente dans ce qu’il semblait être la cuisine pour tomber sur un jeune homme, probablement de mon âge, et une autre fille. Leur visage m’était clairement inconnu. Dans quoi m’avait-elle fourrée ? Je me racle la gorge et salue ces personnes lentement en évitant soigneusement de les regarder, la honte me trahissant.
« Bonjour…? »
Pourtant, j’étais bien décidée à mettre les choses aux claires. Il fallait que je sache si je…enfin elle n’avait pas fait de bêtises, et de savoir comment diable m’étais-je retrouvée chez de parfaits inconnus ?
« Mh…Où sommes-nous ? » demandai-je après le malaise passé.
L’accueil dans cet endroit inconnu fut glacial - je m’y attendais- mais pourtant, je détestais toujours autant réparer les pots cassés de cette femme qui me faisait les pires coups qu’il soit. C’est à peine si j’ose respirer, faire face à cette situation agaçante qui me torture, me force à baisser la tête et à m’effacer.
Cet homme -que je ne connais pas- m’a l’air passablement énervé, et c’était son bon droit. Mais pour ma part j’avais toujours ce sentiment d’injustice, d’être innocente et plaidée coupable. Insupportable. Nerveusement, je mordille la lèvre peinturée - ou plutôt ce qu’il en reste- de rouge avant de me permettre de m’asseoir pour boire d’une traite le liquide amer. Je fronce les sourcils sous l’amertume du breuvage brulant.
« Dieu merci… » soufflai-je assez bassement pour qu’il ne m’entende pas. Néanmoins, il méritait des excuses. Bona a du lui en faire voir de toutes les couleurs, pas assez pour qu’il ne me laisse pas sur le trottoir au moins.
« Je…suis désolée » concluai-je. Que pouvais-je dire de plus ? Rien. Je ne pouvais pas délibérément dire que ce n’était pas moi la nuit dernière, que c’était mon autre personnalité. J’étais bonne pour l’asile de fous. « Je…ne pensais pas boire autant. Et pour mon adresse…Ah… »
Rire nerveux, mal aise assuré. Bona avait quand même la descente idée de ne pas révéler mon adresse. J’avais en même temps envie de savoir ce qu’il s’était passé, et de l’autre côté, j’avais envie d’enterrer cette nuit infernal dans les méandres de l’oubli.
« Elle ne mesure pas sa force…Euh je ne mesure pas ma force quand je bois. Désolée encore »
Le pauvre. Il avait du se demander si le ciel lui tombait sur la tête. Je savais que Bona était à la fois énervante, collante et horriblement…Pas moi. J’étais si réservée, si calme d’habitude que le contraste ne pouvait être que flagrant. J’ose lever les yeux sur l’inconnu qui m’avait aidée malgré tout et baisse la tête encore une fois affligée.
« Merci de m’avoir aidée, je suis encore une fois, désolée du dérangement »
Je me permets de m’incliner plusieurs fois avant de reprendre mes affaires en l’insultant -Bona- de tous les noms possibles et inimaginables. Si seulement je l’avais en face de moi en cet instant.
« Mh…C’est assez gênant de le dire mais…Je ne me…rappelle plus de ton nom ? » osai-je en prenant mon sac. « En tout cas, moi c’est Eunice »
Je lui souris promptement avant de me mordiller la joue. Il s’en foutait probablement, et il ne comptait peut-être pas me revoir de sitôt. Puis je me fige. Et si Bona lui avait dit son nom ? Pas le mien ? Quelle merde. Il fallait que je m’en aille le plus rapidement possible si je ne voulais pas porter le chapeau de folle à lier.
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