o1 ⊱ aînée d'une longue portée qui s'étends sur presque une décennie, un père à la tête d'un emprise, une mère porteuse, une marmaille pour prendre la relève. hyesu, première née, adorée, embrassée, choyée. bambin de satin, gamine sterling. on ne lui aurait pas préféré un garçon après avoir posé les yeux sur sa bouche en coeur qui hypnotise les âmes.  o2 ⊱ moineau à la voix cristalline, on la forçait à chanter pour les invités. oiseau prodige au chant appelant les dieux, honteuse prestation pondérée de fierté paternelle, donnée en divertissement à ces vautours. l'hirondelle dans sa cage dorée a juré de ne plus jamais chanter. on peut tout de même l'entendre fredonner quand elle se croit seule . o3 ⊱ une petite décennie passée sur cette amérique idéalisée. un anglais parfait sur la pointe de sa langue. douce émigrée retournée au bercail, la tête pleine de cette indépendance qui ouvre les volets de la maison intime. les couleurs ne sont plus rationnées, les interdits sont tatoués, les coeurs ne sont pas différenciés par leurs corps. o4 ⊱ ses doigts pour pinceau, fresque d'une abondance qui la force à vomir des résultats stellaires, constellations de formes qui font de ses prunelles un firmament. hyesu, elle a le réalisme au bout du crayon, le contemporain sous la peau, le symbolisme au creux des reins, elle évolue avec ce qu'elle crache sur toile, se mouvant dans un monde inventé, jamais assez opaque pour cacher la réalité.  o5 ⊱ dans son amérique adoptive, la beauté des hommes et des femmes ont inspiré maintes oeuvres, dans une symphonie qui abjure tous les genres, dans une féminine masculinité qui brouille les convenances, ne cherchant pas à refaire la beauté mais à l'extirper du commun, du réel.  o6 ⊱ de nombreux frères et soeurs sont nés dans son sillon, mais aucun d'eux n'a montré son talent, sa beauté, ou son aptitude à charmer le coeur paternel qui leur a offert son sang. admirée, jalousée, ses relations avec les plus jeunes ont été baignées de complications. le lien a été coupé quand un avion l'a emportée loin sur ses ailes d'acier. depuis son retour, ils ont du mal à connecter, eux embourbée dans cette corée archaïques et les machinations socio-politiques d'une famille ambitieuse. o7 ⊱ hyesu, c'est la demoiselle avec des ailes qui semble voguer à bout de bras, toujours hors de portée. un crayon dans ses cheveux pour les empêcher de tomber dans son visage, ses yeux sombres qui scintillent comme une nuit étoilée, ses vêtements troqués plusieurs fois par jour pour échapper à la trahison des couleurs, pour passer des instruments immaculés aux bordel des lignes qui débordent du canevas. o8 ⊱ le printemps lui roule toujours les sens dans les fragrances florales de sa corée. ce renouveau de la nature lui inspire chaque année des moments de créativité productive qui se résulte en plusieurs semaines où il est impossible de la trouver. son téléphone est oublié, son studio devient sa demeure entre les jours qui deviennent nuit et la douceur de créer dans la liberté d'une vie sans heures et sans obligations. o9 ⊱ trésor de son père, ses beaux yeux ne lui ont pas évité les barreaux d'un mariage arrangé. aucune quantité de supplications, de chantage ou de manipulation n'ont fait cillé son paternel. si ça n'est pas cet homme, ça sera le deuxième sur sa liste, ou le suivant, ça n'a pas d'importance. elle est la fleur rare qu'il a cultivée depuis dix-neuf ans et qu'il est prêt à récolter pour vendre au plus offrant. hyesu se bats avec ces attentes qui vont lui bouffer la vie, impuissante. 1o ⊱ les animaux et les bambins lui vouent une affection instantanée. cette attention ne lui cause qu'un malaise grinçant, alors qu'elle ne réciproque pas cette aise pour les petites choses fragiles. avoir une âme qui dépends d'elle pour survivre lui cause une étrange anxiété dans ses entrailles, elle évite donc toutes situations où on pourrait lui poser un bambin ou une bête à pelage entre les bras, c'est plus facile comme ça. .