They say people are born different, but why does it feel like we’re all the same?
Us brainwashed into the same system, they expect perfection so how can we be different?
  
they think that we're no one, we're nothing, not sorry.
Dans ton coin du monde, y’avait que la misère. Le désespoir si dense qu'il en devient suffoquant. Des maisons collées les unes des autres, aux murs plus fins que le papier, à travers lesquels le vent passe les froides nuits d’hiver ne laissant aux habitants que deux choix : frissonner jusqu'aux lueurs du matin ou se serrer comme des sardines. Le drama des voisins étalés au grand jour, les éclats de désespoirs qui résonnent de tous les côtés. Les camés qui s'enlisent dans leur poison, qui s'improvisent vendeur le temps de se faire mettre derrière les barreaux pour revenir inchangés ; les hommes qui battent leur femme, leurs cris qui te servent de berceuse ; les cris des bambins abandonnés, oubliés parce que leurs parents planent, qui deviendront avec le temps le reflet de ces derniers.

Là d'où tu viens, c'est là où l’espoir meurt devant l'immuable, c'est le cercle vicieux de la pauvreté.
Et toi, au milieu de ce chaos, enfant caméléon qui semble voguer ces eaux troubles, intouchable, inatteignable.

T’es traité comme un inconnu même chez toi, t’as jamais su pourquoi, mais tu t’y es habitués. Aux regards froids, aux coups d’épaule à peine caché lorsque vos chemins se croisent dans le couloir. Et la femme qui t’as mis au monde qui fait l’autruche ; t’es seul au monde même quand vos quatre murs sont pleins à craquer.

we are the colors in the dark.
Les écouteurs dans les oreilles, le gosse il a grandi comme la mauvaise herbe. Solitaire, impénitent, graine de voyou qui s’assume. Tu traines dans les rues tard le soir plutôt que de rentrer dans cette maison qui t’étouffe. T’as même pas 18 ans que tu œuvres déjà dans l’illégal, les mains au volant d’une voiture qui t’appartient pas, aucun permis à ton nom, parcourant à toute vitesse les rues abandonnées. Tu conduis pour te faire de l’argent, pour pouvoir acheter un cadeau d’anniversaire à ta voisine et amie d’enfance, à la personne qui compte le plus pour toi, plus famille que ceux qui partagent ton propre sang. Tu participes à toutes les courses pour pouvoir t’acheter à manger, pour ne pas avoir à t’installer à la table de la cuisine où il y a de moins en moins de personnes. C’est comme ça d’où tu viens, un jour ils sont là et le lendemain, ils n’y sont plus ; enfermé derrière les barreaux, dégâts sanglants sur le carrelât, les raisons sont multiples et y’a personne qui s’intéresse à les connaître.

Et la vie continue, même après qu’il se soit retiré la vie, sauf que maintenant, y’a toujours ce foutu mot qui te suit, celui qu’il a écrit dans un mot de suicide t’étant adressé : batard. La vertu de ta mère n’avait jamais été un secret pour toi depuis aussi longtemps que tu te souviennes, mais ça avait eu le mérite d’éclaircir la froideur de ton foyer. À partir de ce moment, le mot famille est devenu abstrait pour toi ; synonyme de rancœur, de haine. Tu t’es retranché dans la course, dans les relations avec tes quelques amis proches. Tu devins rapidement le petit prince de ton milieu, connaissance de tous les horizons, capable de réaliser toutes les demandes.

Et ton monde fût chamboulé, du jour au lendemain, lorsque le nom de votre famille fit la une des journaux.

don't forget from whence you came and the world's gonna know your name.
Adieu les deals en plein milieu de la nuit, bonjour les soirées mondaines. On range les jeans troués et les leather jacket à profit des costards cravate, la laisse au cou de l’enfant sauvage. Et toi, la victime, celui qui n’a rien demandé mais qui se retrouvé forcé, parce que c’est lui qui détient l’argent, parce que t’es moins que rien. Terni pas le travail de sa vie, tiens-toi, arrête les conneries.  Ta vie est entre ses mains et il vaut mieux suivre ses règles. Elle te l’a demandé, alors que le blanc de sa peau se confond avec les draps de sa chambre d’hôpital, alors que la douleur la garde éveillée et qu’elle sent la fin venir. Cette femme qui t’a mis au monde et n’a jamais rien fait pour toi depuis, tu ne peux t’empêcher d’avoir les larmes aux yeux alors qu’elle s’éteint, te laissant cette dernière demande alors que sa pathétique vie à semer la misère se termine finalement.  

Deux ans déjà qu’elle s’est éteinte dans la nuit, ta pauvre carcasse pour seul témoin. Deux ans que les paillettes se sont introduites dans ton système, pourrissant le code source pour te changer, te modeler aux attentes de la société. Vile poison qui prend son temps, qui te corrompt à chaque jour un peu plus. Les habitudes qui s’installent, qui remplacent les anciennes ; l’argent qui coule à flot, qui abuse, qui pardonne tout. La voie facile qui efface lentement le carnage dont tu viens, le carnage dans lequel t’es né. La belle vie qui te fait oublier qui tu es, à défaut de qui tu devrais être selon ses normes. Et l’impression de ne plus connaître le jeune homme qui te fait face dans le miroir. I'm not me, who the heck are you?